Comment expliquer la passion moto ?
Savez-vous pourquoi les motards sont souvent mal perçus ? La vision peu élogieuse que vous pouvez avoir de cette communauté a en réalité été importée depuis l’autre côté de l’Atlantique. Les fans de « Sons of Anarchy » le savent bien : les représentations médiatiques de motards comme des fauteurs de troubles et des hors-la-loi ont fortement contribué à forger cette image négative.
De plus, on reproche fréquemment aux motards de rouler à des vitesses excessives, de faire des manœuvres dangereuses et de faire beaucoup trop de bruit avec leur « bécane ». Sakina, une jeune amatrice de moto, en est convaincue : ces perceptions sont pour la plupart biaisées. Pour adoucir l’image controversée de ces passionnés, souvent vus comme des perturbateurs sur la route, Sakina souhaite partager avec nous une autre réalité, connue seulement des véritables amateurs de motos.
Toi ! Pourquoi est-ce que tu veux faire de la moto ?
J’ai toujours aimé les voitures depuis toujours. Avec la ribambelle de films que je regardais, je pouvais reconnaître entre mille les modèles connus de vielles voitures et cela me faisait chaud au cœur. Cependant, la moto… Ah ça, c’est quelque chose d’autre pour moi ! Lorsque je passais mon permis de moto, mon moniteur m’a posé cette question très particulière : « Toi ! Pourquoi est-ce que tu veux faire de la moto ? ». La réponse m’a parue si évidente, pourtant ça ne l’est pas pour tout le monde. J’ai répondu : la vie. Certaines personnes ont d’autres critères comme la vitesse, la sensation, etc. Moi, j’ai choisi la vie.
Je me suis toujours vue sur une moto. La voiture, c’est une passion, mais la moto est une évidence pour moi. Je n’ai pas de modèle favori, j’aime juste les motos qui font un maximum de bruit. D’ailleurs, celle que j’ai actuellement me comble au plus haut point tant, elle est bruyante. Ah, ah ! Je ne suis pas si compliquée que ça comme personne. Le simple fait de me savoir sur un véhicule à deux-roues, me remplit de joie, car j’en ai rêvé très longtemps, littéralement.
Ride or Die
Mes yeux s’illuminent d’admiration pour toutes les femmes et les hommes qui risquent leur vie au quotidien juste pour avoir le plaisir de conduire des motos. C’est vrai quoi ! Un faux pas et « hop », tu te retrouves au sol, avec des séquelles très grave ou alors pire, la mort. Il faut réunir tellement de patience, de calme et de bonne foi, ne pas avoir peur de la mort, mais en même temps être hyper consciencieux de sa vie et de celles des autres pour enfin obtenir ton permis et par la suite, le titre de motard. « Alléluia » ! C’est drôle, car j’en parle en sortant tout juste de mon cours de mot. Eh, eh !
L’univers motards est tout simplement génial. Si un motard aperçoit un confrère en feu de détresse sur la route, il n’hésitera surtout pas à se précipiter à sa rescousse. Tous les jours, lorsque deux motards se croisent, ils se saluent en faisant le signe du V vers le bas. Lorsque tu laisses passer un motard, il lèvera son pied-droit de manière tendu. Qu’est-ce que ça veut dire ? Il te remercie, tout simplement. C’est pas trop cool, ça ? Je ne sais pas, tout le monde à une sorte de respect pour eux, et de ce que j’en sais, c’est assez réciproque. Probablement parce qu’ils ont eu l’intelligence de conduire des engins qui enquiquinent un peu moins de personne sur la route, je pense. Ce que je dis n’engage que moi.
Oui, c’est la génération Z qui vous embêtent…
En parlant de respect et de personnes enquiquineuses sur la route, il faut bien faire la distinction entre les scooters et les motos. J’ai l’impression de parler comme une boomeuse, mais je vais quand même dire ma vérité. Excusez mon langage, mais les personnes à motos qui vous les brisent lorsque vous êtes sur la route sont très rarement des motards, ce sont souvent des scooters sans permis et assez jeunes. Oui, c’est la génération Z qui vous embête, je l’ai dit. Pas forcément par envie, mais parce que la plupart d’entre eux n’ont pas vraiment le choix.
Ce sont généralement des livreurs ou des personnes dont le temps presse. Leur seul but, c’est d’arriver à destination. Je m’excuse encore une fois pour les propos que je m’apprête à tenir, mais les scooters sont pourris de chez pourris. Je m’explique, lorsque vous entendez un scooter à un feu rouge qui met des coups d’accélération, ce n’est pas pour faire le beau, mais plutôt pour éviter que le moteur s’arrête. J’adore le bruit du « vroum, vroum », de tout type de véhicule, mais pas celui des scooters.
Petit guide de conduite avec Sakina :
Une moto se conduit avec les deux mains, donc attention aux p’tits malins qui essayeraient de se la jouer mains libres, n’est-ce pas ? Les deux jambes aussi doivent y être, vous ne voulez pas rater l’occasion d’appuyer sur le frein lorsque ça sera nécessaire, croyez-moi ! Le levier de vitesse se trouve au pied gauche, l’embrayage est à la main gauche, et le frein à main est à la droite, et en plus de tout ça, tu dois faire « vroum, vroum » avec la main (remarquez, j’aime beaucoup cette onomatopée.).
Les premières fois où on commence à faire de la moto, c’est vrai un casse-tête. Alors pour toutes les personnes qui souhaitent s’y mettre, je vous conseille d’avoir pour ambition de vouloir perdre un maximum de temps, car c’est ce qui vous attend. Mais je vous rassure, si vous avez ça dans le sang, vous ne serez pas plus frustré que ça. Ça vous amusera même.
Rêves, plaisirs et liberté
J’ai donné en quelque sorte un sens à ma vie grâce aux motos. Toutes les fois où j’ai voulu aller un peu plus vite que tout le monde, dans ma vie en général, dans mes projets, etc. Je me suis rendu compte que je pouvais le faire directement sur la route, avec ma moto. Je suis dans ma bulle, personne d’autres ne peut me dépasser dans ma bulle, car je fais ce que je veux et j’obtiens ce que je veux.
Je n’ai pas choisi ma moto en fonction du modèle ou même de ma préférence, mais plutôt en fonction du prix. Je connais un tas d’autres personnes qui, par faute de moyen, ont commencé à pratiquer avec des motos qui étaient très loin de leur idéal. Eh oui, les rêves coûtent cher et il faut avoir les moyens de sa politique pour pouvoir se les offrir. Mais vous imaginez bien que si l’argent était réellement un frein, je ne serais même pas en train d’en parler ? Rien, ni personne, peut empêcher un passionné de moto d’obtenir ce qu’il veut. Encore moins pour ma part ! Tout est question de volonté et de résilience.
Ma grande-petite Kawasaki !
Ah ! Ma toute première moto… quelle merveille cet engin ! C’était et c’est toujours d’ailleurs une Kawasaki er6n 2009. Lorsque je l’ai aperçu, je l’ai directement adoré. Je l’ai acheté d’occasion et le vendeur a été très agréable donc, bien évidemment que je l’ai prise.
Je tiens à préciser que je suis un petit spécimen de 1,57 m sur une moto d’un gabarit assez imposant pour ma personne. Or, les Kawasaki font partie des modèles les plus petits du marché. Est-ce que vous le sentez venir ? Imaginez-vous apercevoir au loin, sur un coin de la route, un « Oompa-Loompa » féminin, sur une moto de grande personne, qui gesticule dans tous les sens pour ne pas tomber de sa selle creusée à cause du vertige.
Toute cette configuration paraît insensée, pourtant, c’est bien moi, tous les jours, lorsque je m’apprête à conduire ma moto. On peut en rire, mon moniteur, lui, ne se gêne absolument pas. Il dit même qu’il n’a pas besoin d’aller au Comedy Club puisque je suis là pour l’amuser. Moi, je dis tant mieux ! Pour rien au monde, je ne voudrais priver l’humanité (et mon moniteur) de la joie, qu’apparemment, je leur apporte en montant sur ma moto.